Nous entendons par « enfants » les grands enfants de 7/8 à 9 ans (3H à 5H). À cet âge, ils sont en effet plus grands et l’escalade devient un support réellement intéressant qui peut contribuer favorablement à leur développement psychomoteur. 
À partir de cet âge, on peut envisager un engagement sur une saison complète de cours d’escalade (environ 30 à 40 leçons de 1h15-1h30)
 
Le nombre d’activités que l’on peut proposer s’accroit nettement car leurs aptitudes perceptives et leur motricité se développent. L’enfant connait mieux son corps et s’oriente mieux dans l’espace vertical.
On peut commence à travailler certains thèmes de façon plus précise et les exercices et jeux proposés son presque identiques, mais plus facile à mettre en œuvre et également plus vite acquis et intégrés qu’avec les marmots.
1. Conseils généraux pour enseigner l’escalade aux enfants
Mise en place des règles et dynamique de groupe
Ce thème comprend le.s groupe.s d’objectif.s suivant.s : GO1
- À 7 ans, l’enfant cherche à jouer en groupe : besoin de sécurité, sympathie et expérience. Le groupe est un mode de valorisation important par rapport à l’adulte auquel il est soumis (il veut se sentir grand, et le montrer à l’adulte)
 - Petit à petit, il aimera prendre part à certaines décisions, et il est important à cette période qu’il se sente bien et valorisé dans le groupe. Il est sensible à l’opinion qu’on peut avoir de lui, il se préoccupe de son succès social, de sa popularité. L’enfant aura accès à cet âge à des notions familières telles que le respect mutuel, le droit à la parole, la prise de responsabilité, la critique et l’autocritique.
 - Dans les activités de collaboration, le moniteur favorise les échanges verbaux et les interactions entre eux
 - Il s’ouvre à l’univers des autres et apprend à négocier. Il peut exprimer son point de vue et comprendre l’impact d’un geste positif ou négatif. Il est plus facile de discuter avec lui de façon logique, de l’aider à exprimer ce qu’il ressent et de l’inciter à réfléchir à des solutions pour résoudre par lui-même les conflits avec d’autres. Il capable de collaboration et de compromis lors d’une situation plus difficile.
 - Vers 7-8 ans, il prend conscience de la constance de la personnalité d’une personne dans le temps. C’est aussi au cours de cette période qu’il prend conscience de ses capacités personnelles dans différents domaines, ce qui l’aide à forger son estime de soi. À cet âge, les conflits portent davantage sur le sentiment de compétence (« Je suis moins bon que lui ») que sur la notion de possession.
 - Le moniteur stimule le processus de différenciation en incitant l’élève à se percevoir comme individu distinct des autres en proposant des activités où il réalisera des choix personnels, où son avis sera pris en compte, où il apprend à dire ce qu’il veut faire
 - Il éprouve des émotions complexes (culpabilité, honte) et l’empathie. L’enfant aura accès à cet âge à des notions familières telles que le respect mutuel, le droit à la parole, la prise de responsabilité, la critique et l’autocritique
 - Vers 8-9 ans : La ségrégation des activités liées au sexe se développe (les garçons sont plus en bande que les filles). Les garçons forment des groupes autour des jeux, et les filles plus autour du travail.
 - L’importance d’être bien dans le groupe peut primer sur le niveau ou la progression
 - Les enfants ont toujours un enthousiasme naturel qu’on utilise pour les motiver. Leur motivation à apprendre est très marquée car ils veulent acquérir davantage d’autonomie, ils sont curieux, enthousiastes, fougueux. Créer un environnement stimulant est important :
 - Proposer beaucoup de jeux car ils adorent jouer : jeux de collaboration, défis individuels, jeux d’équipes, se mesurer aux autres, petits concours simples, jeux symboliques : jouer un rôle, se déguiser, faire les animaux, incarner une histoire. Raconter des histoires pour introduire un cours ou un exercice, utiliser des images.
 - Susciter des expériences de réussite car la réussite est importante, ils ont du plaisir à répéter ce qu’ils arrivent à faire
 - Créer du lien en s’intéressant à eux (leur demander leurs intérêts, les jeux qu’ils aiment, etc) et en se présentant à eux (quel âge pensez-vous que j’aie ? qu’est-ce que j’aime faire, etc.) et aussi en jouant avec eux quand c’est possible.
 - Les laisser donner leur avis, raconter
 - Le groupe est notre miroir : être convaincu, enthousiaste et motivé de ce qu’on propose car cela va les impacter positivement. Si on y croit, ils vont y croire également.
 - Pas de problème avec l’autorité de l’adulte, ils respectent les règles dictées par le moniteur et remet pas en question les activités proposées.
 - Le moniteur est un juge impartial, rassurant. Il se doit donc de traiter tous les enfants de manière identique
 - Personnes de référence : parents, ensuite frères & sœurs et amis
 - La présence des parents dans la salle pendant le cours n’est pas recommandée pour les 7-9 ans, malgré le fait qu’ils sont plus grands et peuvent mieux faire la part des choses entre le cours d’escalade et l’avant/après.
 - Ne pas hésiter à stopper l’activité pour reprendre les enfants et recadrer le groupe quand ils se dispersent. Utiliser un ton ferme sans crier.
 - Ne pas laisser les enfants sans consignes. Il est utile d’avoir une liste de petites activités/jeux de transition à proposer aux enfants et faciles à mettre en œuvre, le plus souvent au sol : en effet, parfois le moniteur doit se focaliser davantage sur une partie du groupe pendant que d’autres patientent ; il est important à ce moment d’occuper les enfants en leur proposant une activité qui les canalise et les maintient dans un espace délimité proche du moniteur. Exemples de jeux de transition – cliquez ici
 - Proposer des rituels « de sanction » pour se calmer : faire 15 double huit, enfiler 5 ou 10 x le baudrier, la « petite musique » (respiration), rituel du cerceau, etc.
 - Plaisir assez marqué de se mesurer aux autres
 - Motivation à réaliser une performance assez marquée
 - Le moniteur peut motiver ses élèves en les incitant à grimper en dehors des cours d’escalade et en participant aux opens/compétitions régionales
 
Développement moteur & aptitudes perceptives
Ce thème comprend le.s groupe.s d’objectif.s suivant.s : GO2 / GO3 / GO4 / GO5 / GO6
- La période de 3 à 8 ans est privilégiée pour le développement d’aptitudes motrices et l’acquisition d’habiletés car les aptitudes perceptives (visuelles, kinesthésiques et auditives) se développent et permettent à l’enfant d’adapter un mouvement fondamental de base à une situation donnée et de progresser au niveau de la fluidité, de la coordination et du tonus.
 - Besoin de bouger très marqué
 - Découverte intuitive de l’espace vertical
 - Il apprend en bougeant, en expérimentant, par le mouvement (kinesthésique), le besoin de bouger est très marqué. Il agit en fonction du but à atteindre.
 - Il faut répéter énormément pour fixer de nouvelles acquisitions
 - Pas de grosse différence motrice entre garçons et filles
 - Utiliser les formes fondamentales de mouvements pour varier les stimuli & enrichir le vécu moteur
 - Penser à long terme, travailler les bases physiques pour tous les sports
 - Proposer des circuits de coordination dynamique générale faciles au début puis progressivement plus complexes, qui reprennent différentes formes de mouvements pour élargir la perception corporelle et donner à l’enfant un maximum d’expériences motrices variées : À travers les différents mouvements locomoteurs : courir, sauter, se balancer, ramper, grimper des plans inclinés, se faufiler dans des tunnels, grimper sur des plans inclinés, glisser au toboggan, passer des obstacles, grimper à une corde, s’équilibrer, déplacements combinés (galop, cloche-pied, pas chassés, etc.) ; Les mouvements non locomoteurs : pousser, tirer, lancer, attraper, frapper de la main, etc.); En proposant diverses activités d’équilibre et de stabilité, incluant les réactions d’équilibration (parcours d’équilibre)
 - S’échauffer correctement : commencer le cours par un jeu d’échauffement global, où l’enfant active le cardio-respiratoire
 - Retour au calme et s’étirer pour réharmoniser le corps après l’effort : proposer un rituel avec des exercices de relâchement en fin de cours (pizza, yoga enfants, etc.)
 - Au début, sa grimpe est intuitive, il utilise ses réflexes naturels d’équilibration pour se déplacer en milieu vertical. Le tonus est élevé et il dépense beaucoup d’énergie.
 - Au niveau moteur, l’enfant de 7 ans commence l’étape de la connaissance du corps : il apprend à connaître les éléments constitutifs du corps : les reconnaître, les situer et les nommer. La dénomination des parties du corps favorisera la représentation mentale de celui-ci. La plupart des auteurs sont d’accord pour affirmer que l’enfant ne peut « mettre en relation » son corps avec l’environnement sans une bonne connaissance de ses différentes parties. On entend par « mise en relation » la capacité de l’enfant à orienter et organiser son corps en relation avec le monde extérieur. L’orientation se basera sur la position du corps dans l’espace, et l’organisation la capacité à mobiliser le corps en fonction des caractéristiques de l’espace. L’orientation et l’organisation corporelle commencent à se développer
 - À force de répétitions, on observera une grimpe plus fluide et aisée par une meilleure coordination intermusculaire et un équilibre plus sûr et contrôlé dans les mouvements basiques. On remarque un relâchement général du corps dans la progression verticale due à l’accommodation. La capacité de dissociation s’améliore à travers l’intériorisation de la position du bassin, la précision des actions musculaires et la diminution des syncinésies. La dissociation des mouvements va s’affiner progressivement
 - Son équilibre deviendra plus sûr et contrôlé dans les mouvements basiques qui restent encore limités en amplitude car il commence à chercher et choisir ses appuis. Les nouveaux déséquilibres l’intriguent. On observe des transferts d’appuis et changements d’équilibre, mais qui restent toutefois imprécis et peu contrôlés ce qui implique une dépense d’énergie inutile.
 - Il peut réaliser des mouvements techniques plus précis aller plus loin dans le détail pour affiner un geste technique (Ex : placements des pieds, bassin, etc.)
 - Proposer des exercices & jeux simples pour introduire la gestion du tonus et la gestion de l’effort : grimper au rythme de la musique, s’arrêter quand la musique s’arrête, grimper vite, lentement, grimper en étant relâché (« mou comme un chewing-gum »), grimper sans bruit (« comme une souris »), grimper bras tendus (grenouille), bras pliés, etc. Utiliser des thèmes d’animaux ou autre pour travailler sur le tonus, le relâchement, la fluidité globale de son escalade : grimper comme une souris, un chat, un éléphant, etc.
 - Proposer des activités qui touchent au travail des positions stables et/ou de repos (relatifs ou complets) sur le mur.
 
Aspect cognitif & mental
Ce thème comprend le.s groupe.s d’objectif.s suivant.s : GO7
- Bon équilibre psychique
 - Capacité de concentration encore faible : 7 ans : 30’
 - Éviter les longues explications (moins de 1′)
 - Il reste fort impliqué dans l’action et distrait
 - Égocentrisme fréquent, optimisme, insouciance
 - Il apprend encore beaucoup par imitation
 - Vers 7 ans : étape de la « décentration cognitive » il se détache de l’instantané, il peut commencer à anticiper un geste à accomplir, se représenter, en gardant un repère visuel concret (début de la visualisation)
 - Vers 7 ans : la latéralité apparait : gauche et droite sur soi, ensuite sur autrui, vers 8 ans en face à face
 - De 7 à 9 ans, il va développer des actes moteurs plus élaborés, davantage conformes à ses intentions. Il devient capable de reporter à plus long terme le résultat de ses actes ou la satisfaction à laquelle il aspire. » B. Fontaine. Ex : « j’ai envie d’arriver tout en haut du mur ».
 - Le vocabulaire et la connaissance du corps se précisent :
- 7 ans : Gauche/droite sur autrui – Hanche, nuque, pommette – Plier, tendre, tirer, pousser/ petit, rond, creux, inversé, distinction du losange et du carré.
 - 7-8 ans : classements sous forme de tableau à double entrée en fonction de divers paramètres, de comparer un ensemble à un sous-ensemble, la partie au tout. Conservation du poids
 - 8 ans : Gauche/droite en face à face – Mollets, paupières, avant-bras, paumes
 
 - Il est capable de projeter une direction en se référant à ses propres axes corporels. On peut lui demander d’aller toucher telle prise en empruntant tel voie, tel chemin. Il sait passer devant ou derrière un partenaire en le croisant, se rapprocher d’un partenaire, rester éloigné, le toucher, etc.
 - La prise d’information s’améliore et il est capable de repérer le parcours global d’une voie en repérant les prises selon leur couleur ou autre caractéristique
 - Il est capable de reconnaître les prises ou reliefs déjà utilisés (mémoire tactile). Il peut différencier les prises de mains et de pieds, reconnaitre et nommer les différentes catégories de prises.
 - Vers 8 ans, il peut analyser ce qui a été perçu avec l’aide du moniteur. En verbalisant les différentes parties, le moniteur lui faire prendre conscience de ce qu’il fait avec son corps quand il grimpe : il donnera des conseils à l’enfant lors de ses ascensions (« lève le pied gauche, pousse dans la jambe et va chercher la prise avec le bras », « pose la pointe du pied », « plie le genou vers l’intérieur », etc.).
 - À partir de 7-8 ans, l’enfant peut développer des stratégies pour mieux mémoriser ce qu’il apprend. L’enfant a encore besoin de faire le mouvement pour comprendre (distance concrète par rapport à l’action).
 - La mémoire visuelle s’améliore. Avec l’aide du moniteur, il est capable de se remémorer une forme ou disposition d’un objet ou d’une prise vue précédemment. Il en va de même pour la reproduction d’un mouvement. Il est ainsi très intéressant de stimuler à ce niveau cette capacité, en lui proposant des exercices ou jeux de reproduction de mouvements ou positions (jeux des statues sur le mur, du sculpteur, etc.), d’abord en copiant un modèle, ensuite en différé (mémorisation visuelle)
 - Il y a encore un décalage entre la capacité d’enregistrer de nouvelles expériences motrices en un clin d’œil et fixer dans la mémoire ce qui a été appris, cela reste « brouillon dans leur tête »
 - Proposer un vécu manipulé varié en nommant les éléments pour enrichir le vocabulaire de l’enfant : prises d’escalade (formes, couleurs, tailles, animaux, lettres), matériel (mousquetons, sangles, dégaines, appareils d’assurage).
 - Visualiser son corps et le mettre en relation avec l’environnement en proposant des activités pour entrainer l’enfant à observer, s’orienter et visualiser sur le mur, càd observer les prises mobiliser son corps en conséquence (ex: toucher un max. de prises depuis une position donnée).
 - Réaliser des exercices de dissociations de mouvements simples : lever un pied ou un bras, regarder avec sa tête quand on pose le pied, monter les pieds avant les mains, placement du bassin près de la paroi. Utilisation de tous les segments du corps, prendre conscience de l’utilisation des différentes parties du corps sur le mur.
 - Placer des repères concrets au lieu d’expliquer (scotchs, cerceaux, etc.) : imposer des repères concrets qui obligent la bonne exécution pour corriger un geste ou affiner une technique
 
Émotions, confiance & audace
Ce thème comprend le.s groupe.s d’objectif.s suivant.s : GO8
- Un certain équilibre émotionnel s’installe, le contrôle émotionnel vient progressivement, l’appréhension initiale diminue : les pleurs ou cris diminuent, moins voire plus de crise.
 - C’est aussi un âge où un enfant qui n’avait pas peur avant, n’ose plus tout d’un coup grimper en haut du mur et donner l’impression de régresser. Bien souvent, c’est la prise de conscience de l’éventualité de la chute et ses conséquences qui provoquent l’appréhension. En travaillant sur la confiance à travers des expérience positives et de réussite, l’enfant dépassera progressivement sa peur par un contrôle des émotions et une objectivité de la représentation mentale (calme et lucidité).
 - Le contrôle émotionnel en escalade chez un enfant dépendra beaucoup de son tempérament, de sa maturité et de son envie de « dépasser sa peur ». Globalement, nous dirons qu’il ne faut jamais forcer un enfant et le « coincer » dans le baudrier en le forçant à aller plus haut : Il faut qu’il en ait envie. Être en hauteur n’étant pas une situation habituelle, elle impose des changements visuels et perceptifs qui provoquent une situation de stress.
 - Les enfants aiment grimper de façon naturelle et innée, et à travers les jeux et les exercices où nous les inciteront à prendre progressivement confiance dans le matériel, ils pourront progressivement vaincre les peurs initiales et leurs incertitudes pour prendre confiance et prendre de la hauteur. Le moniteur doit énormément jouer et proposer de situations variées pour aider l’enfant à acquérir cette confiance (en soi, dans le matériel, ensuite éventuellement dans un partenaire)
 - La réussite engendre la confiance. Le moniteur proposera des activités de gestion du risque adaptées aux différentes aux compétences des enfants et valorisera la réussite, ce qui renforce sa confiance en lui-même.
 - L’audace est une manifestation de la confiance en soi, en ses capacités physiques, mais aussi d’une maîtrise de l’environnement. Donner la possibilité à l’enfant de développer son audace – toujours de façon proportionnée – va lui permettre d’augmenter sa confiance en lui. Ceci ne se limite pas au domaine physique, mais se répercute également dans la vie sociale.
 - Avec l’amélioration du contrôle émotionnel, le moniteur peut proposer des exercices de relâchement des différentes parties du corps dans différentes positions, en augmentant la prise de sensations et en introduisant la respiration, pour diminuer le tonus global
 - Il est important de le laisser s’habituer au milieu vertical en lui laissant vivre un maximum, en lui donnant un maximum d’expériences positives variées et en le rassurant émotionnellement. Les émotions positives ressenties lorsqu’on pratique l’escalade sont des moteurs puissants pour la motivation
 - Expérimenter beaucoup de situations variées de mise en confiance dans le matériel, d’abord à faible hauteur, ensuite progressivement plus haut
 - Proposer des jeux où ils doivent se pendre dans le baudrier et lâcher les mains, à l’auto-assureur pour prendre confiance dans le matériel et oser se suspendre en hauteur
 - Travailler sur les peurs, le tonus, la respiration, la confiance, en proposer des jeux et thèmes qui favorisent le relâchement pour faciliter la gestion du stress et des émotions. Par exemple, expérimenter différentes positions plus ou moins fatigantes, et observer laquelle fatigue le plus (bras tendus, bras pliés p.ex.) ; Ex de jeu : quand le moniteur (ogre) dort, on ne fait pas de bruit, et on traverse sans le réveiller (voir aussi : gestion de l’effort).
 - B. Fontaine propose 5 cas d’attitudes motivationnelles lors de tests réalisés avec des enfants de 7 à 9 ans : 
- Cas 1 : l’enfant a peur, est très crispé, n’a pas ou plus envie d’essayer et abandonne devant l’obstacle : il renonce ou tombe.
 - Cas 2 : l’enfant est crispé sur les prises ou n’a plus envie d’essayer, mais il fait un effort pour continuer. Il ne semble pas savoir quel parti prendre. Il réussit finalement après un gros effort de volonté sur lui-même.
 - Cas 3 : l’enfant reste parfois longtemps statique, indécis. Il hésite à s’engager, perd sa concentration et sa détermination s’il ne trouve pas assez vite et peut aussi, dans certains cas agir n’importe comment.
 - Cas 4 : l’enfant est décidé et concentré la plupart du temps, il se distrait un moment (caméra, bruit de salle), mais cela ne l’affecte pas significativement dans son déplacement. Certains peuvent avoir un geste plus précipité par impatience mais sont suffisamment prudents ou adroits et n’agissent qu’à coup sûr
 - Cas 5 : l’enfant est concentré, reste présent et engagé dans l’action ou la réflexion. Désir d’exploration, initiatives et décisions. L’enfant ne s’énerve pas s’il ne trouve pas immédiatement une solution, mais reste motivé par la recherche de la solution.
 
 
Manipulations de sécurité & matériel
Ce thème comprend le.s groupe.s d’objectif.s suivant.s : GO9 / GO10 / GO11 / GO12
- À partir de 7 ans, l’enfant commence à intérioriser la conscience du risque et les dangers.
 - À partir de 8 ans, les capacités cognitives des enfants se développent et ils sont progressivement capables de mentaliser des manipulations plus complexes (rappels, relais, nœuds autobloquants, etc.).
 - Le moniteur peut présenter une manipulation au sol pour que les enfants essaient ensuite de la reproduire sur le mur.
 - Il reste malgré cela très présent dans l’action et commet des erreurs de distractions.
 - Le moniteur maintiendra à cette période un niveau de surveillance très élevé. En effet, il n’est à l’abri d’une erreur de distraction ou d’une initiative de la part d’un élève qui n’aurait pas bien intégré le sens ou oublié une consigne
 - À cet âge, l’escalade en tête peut être pratiquée, et il convient d’y aller très progressivement. On peut faire des exercices de préparation à la grimpe en tête :
- Poser/enlever des dégaines sur des plaquettes en grimpant
 - Mousquetonner chaque dégaine correctement, en position stable et le plus rapidement possible (éviter d’être « limite »), par exemple avec un corde attachée au baudrier à l’auto-assureur ou dans le bloc (circuit de dégaines à mousquetonner sans tomber)
 - Manipulation de l’appareil d’assurage au sol : donner du mou, ravaler
 - Petits exercices de dynamique de chute dans la zone bloc : passer la corde dans une dégaine et accompagner la « chute » d’un camarade dans le tapis à faible hauteur
 - Exercice de « fausse tête »
 
 - À cet âge, certains enfants de niveau avancé grimpent déjà en tête. Dans ce cas, il est très important de leur faire prendre conscience de la chute et d’y aller très progressivement car le risque de blocage est élevé. Il suffit d’une chute « surprise » ou l’enfant prend peur pour qu’il ne veuille plus grimper en tête, car il aura désormais « peur d’avoir de nouveau peur ». Et la maîtrise émotionnelle n’étant pas encore à maturité, ce type d’expérience peut être parfois difficile à rattraper par la suite. L’assurage en tête doit également être bien travaillé car le risque d’un mauvais assurage ou d’une chute pas bien gérée par un camarade peut être source de stress également.
 
2. Objectifs spécifiques d’un cours d’escalade destiné aux enfants
GO1 attitude & motivation
- Connaitre et respecter les règles spécifiques ainsi que les routines de début et fin de cours :
- Dire bonjour en arrivant
 - Prendre tout seul ses chaussons, les enfiler & retenir sa pointure
 - Répondre à l’appel du moniteur : je dis au revoir à papa/maman – qui, idéalement, quitte la salle – et je vais vers le moniteur, et inversement
 - Retenir les prénoms des camarades
 - Parler sur un ton de voix adapté
 - Ne pas couper la parole lorsque quelqu’un parle
 - Marcher dans la salle pendant les déplacements en respectant le rituel de déplacement (fusée, train, se tenir la main, une corde, etc.)
 - Appeler le moniteur avant de grimper
 - Prendre soin du matériel et de l’infrastructure mis à ma disposition : ranger le matériel à sa place, brosser les prises, ne pas jouer sur les matelas ni avec la magnésie, etc.
 - Ne pas emporter de matériel avec soi, auquel cas le ramener au cours suivant
 - En fin de cours, ranger le matériel, dire au revoir aux moniteurs et aux camarades (rendre les enfants autonomes pour ranger les chaussons et retourner chez les parents)
 
 - Attitude et respect du groupe :
- S’impliquer dans les exercices proposés, même ceux qu’on aime moins. Faire preuve de curiosité.
 - Apprendre à collaborer et adopter un comportement fair-play (entraide, gentillesse), s’adapter à la vie de groupe
 - Apprendre à communiquer avec son partenaire
 - Rester attentif envers le partenaire plutôt que les autres pour installer de la confiance (en voie ou en bloc)
 
 - Apprendre à se connaitre et s’exprimer :
- S’exprimer en disant ce qu’on aime ou ce qu’on veut faire, donner son avis et proposer des idées
 
 
GO2 déplacer, positionner & coordonner son corps
- Découverte du déplacement dans l’espace vertical de façon intuitive en grimpant sur différentes structures et reliefs et dans différentes directions
 - Mobilité autour du bassin et utilisation du centre de gravité
 - Mobilité des genoux et des chevilles
 - « Pousser -tirer »: anticiper le mouvement pour économiser de l’énergie en préparant le placement du corps et du centre de gravité pour ensuite pousser dans les jambes et tirer sur les bras afin d’atteindre la prise suivante (les mains suivent le bassin et non le contraire)
 - Enchainer plusieurs mouvements de manière plus précise et fluide, en « inertie ». L’équilibre et le transfert du poids du corps sont plus automatiques.
 - Expérimenter des techniques d’oppositions simples dans le bloc
 - Expérimenter ses premiers mouvements coordonnés : Run & Jump simples, dynamiques, jeté à deux mains
 - Se pencher sur le côté en trouvant une position d’équilibre pour attraper une prise avec la main (et avec le pied).
 
GO3 gérer son effort
- Être capable de doser son tonus en grimpant
 - Être capable de changer de rythme
 - S’économiser dans les gestes simples (relâcher son tonus général)
 - Trouver des positions stables et/ou de repos (relatifs ou complets) sur le mur.
 - Stabiliser son corps en s’arrêtant au signal
 - Prendre conscience et utiliser sa respiration en grimpant
 - Apprendre à délayer en utilisant sa respiration et en relâchant les parties du corps qui peuvent l’être
 - Respirer pendant l’effort en évitant la grimpe en apnée
 - Grimper en équilibre en appui sur les pieds
 
GO4 s’équilibrer sur ses pieds
- S’équilibrer, renforcer sa fonction d’équilibration au sol au niveau de la pointe et des chevilles
 - Réaliser des parcours simples puis de plus en plus complexes en variant la forme et la taille des appuis pédestres et en réalisant des sauts
 - Poser la pointe du pied avec précision dès la 1ère fois, ne plus « patiner »
 - Regarder son pied jusqu’à poser la pointe sur les prises
 - Pivoter sur la pointe, mobilité des chevilles, être mobile avec ses genoux et ses chevilles
 - Changements de pieds
 - Croisés de pieds
 - Travail sur les appuis en adhérence avec ses chaussons
 - Apprendre la notion de carre interne & carre externe
 - S’appuyer sur des prises de pieds de plus petite taille.
 - Apprendre à « griffer » les prises dans le dévers : grimper en gardant les pieds sur les prises
 
GO5 saisir les prises, s’orienter & s’appuyer
- Connaissance des prises : savoir que les prises/volumes ont une couleur, un nom et un sens, de l’adhérence (grain, dual)
 - Saisir les prises en dosant le serrage
 - Croiser les mains
 - Changement de mains
 - Apprendre à utiliser des « inversées »
 - Saisir les prises en fonction de leur orientation et placer son corps dans l’espace afin de valoriser les préhensions
 - Utilisation des appuis de paume en adhérence
 - Rétablissement sur volume (triceps)
 
GO6 développer sa condition physique et améliorer son niveau de grimpe en préservant sa santé
- Acquérir une routine d’échauffement en début de séance
 - Être capable de se relâcher, relâcher ses muscles en fin de séance
 - Grimper jusqu’au sommet d’un bloc (adapté à l’âge/taille), avec toutes les couleurs, ensuite une seule couleur de prises
 - Grimper tout en haut du mur (adapté à l’âge/taille) sans me pendre dans le baudrier avec toutes les couleurs, ensuite une seule couleur de prises
 - Apprendre à grimper dans un dévers en gardant ses pieds sur le mur
 - Apprendre à grimper dans un dévers en gardant ses pieds sur le mur et en les recollant de nouveau sur le mur après une perte de pieds volontaire ou involontaire
 - Essayer d’enchainer une voie ou un bloc plus difficile
 - Connaître son niveau de grimpe en bloc
 - Connaître son niveau de grimpe en voie
 - Être capable de tenir une séance de 1h15-1h30
 - Être capable capable de finir un circuit de blocs
 
GO7 se concentrer & visualiser
- Écouter et retenir les consignes des activités
 - Tenir toute la durée de l’activité (20’-30′)
 - Apprendre à se concentrer/recentrer
 - Identifier et nommer différentes catégories de prises (inversées, plates, réglettes, etc.)
 - Différencier les prises de pieds et de mains et repérer les volumes
 - Repérer l’itinéraire global d’une voie et identifier le sommet
 - Repérer l’itinéraire global d’un bloc et identifier le top
 - Reproduire une position sur le mur, un mouvement/méthode ou une séquence de mouvements à partir d’un modèle qui reste visible pendant l’exercice
 - Élargir son champ de vision en grimpant
 - Grimper en suivant une seule couleur de prises ou autre caractéristique
 - Différencier facilement les pieds des mains en grimpant sans se tromper
 - Reproduire une position sur le mur, un mouvement/méthode ou une séquence de mouvements simples en différé (voir le modèle puis reproduire juste après)
 - Visualiser systématiquement sa trajectoire depuis une position stable : repérer la prise/séquence suivante et anticiper le mouvement suivant avant de se lancer
 
GO8 réguler ses émotions et faire preuve d’audace en gérant les risques
- Bousculer sa peur en essayant l’exercice malgré celle-ci, frôler et dépasser une limite
 - Oser se lancer dans une voie ou un bloc plus difficile que son niveau habituel
 - Oser sauter du bloc depuis une hauteur raisonnable (les pieds au max. à hauteur de ma taille), depuis différentes positions et différents déséquilibres
 - Oser grimper au sommet d’un bloc adapté à mon âge/taille
 - S’exercer à augmenter sa hauteur maximale individuelle en bloc
 - Oser s’asseoir dans le baudrier & faire confiance au matériel
 - Oser lâcher à l’auto-assureur de façon spontanée
 - Oser faire le pendule (ensuite en lâchant les mains et/ou avec les yeux fermés/bandés)
 - Oser se suspendre et faire des manipulations à hauteur moyenne (5-6m)
 - Oser se suspendre et faire des manipulations à grande hauteur (10-15m)
 - Oser se faire assurer en moulinette (se faire bloquer, se faire descendre)
 - Oser grimper corde non tendue en moulinette, avec un peu de mou dans la corde
 - Oser faire des chutes non averties en moulinette
 - Oser s’engager dans des mouvements plus aléatoires, des équilibres plus précaires sur des prises de plus en plus petites
 - Apprendre à maîtriser ses émotions, sans se fâcher sur le partenaire
 
GO9 sécurité en bloc
- Connaitre les 5 règles de bloc et les restrictions d’accès spécifiques de la salle
 - Avoir un matériel adapté (chaussons à la bonne taille, habits adéquats, etc.)
 - Ne pas grimper trop proche ou sous les autres grimpeurs, attendre son tour.
 - Apprendre à libérer le périmètre de chute et évaluer la zone d’atterrissage
 - Descendre en désescaladant
 - Sauter de manière contrôlée, en faisant une roulade si nécessaire
 - Connaître sa hauteur maximale de confort
 - Connaître sa hauteur maximale individuelle
 
GO10 sécurité auto-assureurs & TopRope
- Vocabulaire du matériel de base (chaussons, baudrier, corde, mousqueton de sécurité, auto-assureur)
 - Enfiler ses chaussons d’escalade seul et connaitre leur utilité (précision des appuis, adhérence)
 - Démêler et enfiler son baudrier seul
 - S’attacher seul avec mousqueton.s et au bon endroit point d’harnachement/encordement
 - Position de descente correcte
 - Respecter les règles de sécurité pour la pratique des auto-assureurs :
 - S’accrocher seul et dévriller la sangle avant d’appeler le moniteur
 - Repérer le bon auto-assureur selon la voie choisie
 - Ne pas se désaxer en grimpant
 - Apprendre le vocabulaire spécifique à l’escalade en moulinette et aux Topstops
 - Comprendre le principe de la moulinette et du contre-assurage
 - Respecter les règles de sécurité pour l’escalade aux TopStops et en moulinette :
- Attendre le feu vert du moniteur avant de grimper
 - Respecter la règle « chacun à son tour », chacun grimpe et assure à son tour
 - Laisser le grimpeur finir son nœud avant de tendre la corde
 
 - Devoirs du grimpeur en moulinette :
- S’accrocher seul avec mousqueton : un safe lock / deux mousquetons avec ouvertures opposées
 - S’encorder en faisant le nœud en huit simple et double
 - Être attentif à sa vitesse de grimpe pour éviter de provoquer trop de mou (surtout au départ)
 - Ne pas mettre pas les doigts dans les plaquettes
 - Position de descente correcte
 
 - Devoirs de l’assureur en moulinette :
- Mise en place de la corde et manipulation du dispositif : geste universel d’assurage correct (ravaler/bloquer) et gestion de la descente
 - Rester attentif au grimpeur, à la gestion du mou et de l’espace de chute
 - Ne pas sautiller en assurant pour éviter de tendre trop la corde
 - Descendre le grimpeur en le faisant arriver doucement au sol
 - Retenir des chutes averties et non averties en moulinette
 
 - Connaitre et pratiquer le contrôle double pour la moulinette
 
GO11 sécurité en tête
- Devoirs du grimpeur en tête :
- Poser des dégaines sur des plaquettes en grimpant
 - (dé)mousquetonner la corde à une main d’un mousqueton simple en grimpant, en position stable et le plus rapidement possible (éviter d’être « limite »)
 - Mousquetonner tous les points d’assurage efficacement et en position stable
 - Gestion de la corde : corde en départ de voie, jambe derrière la corde, mous cachés
 
 - Comprendre le principe de la grimpe en tête
 - Devoirs de l’assureur en tête :
- Manipulation du dispositif pour la grimpe en tête, méthode universelle et méthode spécifique de l’appareil et gestion de la descente
 - Apprendre à ressentir la dynamique des chutes en tant qu’assureur
 
 - Connaitre et pratiquer le contrôle double pour l’escalade en tête
 
GO12 autres activités & manipulations de sécurité en hauteur
- Vocabulaire spécifique aux manipulations de matériel
 - Manipuler et différencier les catégories de mousquetons (vis/simple/(semi-)automatique). Faire des groupes « dégaines », « mousquetons ».
 - Installer sa longe et se « longer » seul sur le mur avec un mousqueton simple
 - Pratiquer la remontée sur corde
 - Pratiquer la descente en rappel et ses variantes
 - Réaliser un parcours en hauteur facile à difficile adapté à son âge
 - Installer sa corde de rappel depuis un relais et descendre
 - Pratiquer le relais « moulinette »
 - Pratiquer un rappel pendulaire
 
3. Organiser un cours d’escalade destiné aux enfants sur une saison
- Organiser environ 30 leçons de 1h15 durant le période scolaire (pas de cours durant les vacances et jours fériés)
 - L’inscription à cet âge peut se faire pour la saison complète car les enfant sont plus âgés
 - Limiter un nombre maximal de 6 à 8 enfants par moniteur
 - L’âge de 9 ans étant un âge de transition, un enfant de 9 ans qui aurait déjà eu une première expérience en escalade serait plutôt inscrit à un cours avec des plus grands lors de sa 2ème expérience, à évaluer au cas par cas avec la motivation, la maturité et l’expérience de l’enfant
 - Éviter de trop charger le fin de l’année scolaire en activités nouvelles et en quantité de cours, car la période de fin d’année scolaire est souvent chargée pour les familles et les enfants peuvent être plus fatigués et par conséquent moins réceptifs. Favoriser la répétition d’exercices et renforcer les acquis de la saison.
 - En fin de semestre et/ou au dernier cours de la saison, proposer aux parents de venir assister à un cours et venir encourager leur enfant ainsi qu’échanger avec les moniteurs. 
Cela favorise le développement de la confiance de l’enfant (regard encourageant et approbateur des parents) et cela permet un échange entre le moniteur et les parents pour clôturer le semestre/la saison