Cours d’escalade – juniors

Nous entendons par « jeunes » les plus grands en fin d’école primaire de 9/10 à 12 ans (6H à 9Co). Les jeunes de cet âge développent une logique abstraite et de réflexion de plus en plus aboutie et leur développement cognitivo-moteur permet de proposer expériences motrices et des mouvements plus complexes. Ainsi, le niveau d’exigence et de précision dans les leçons peut être déjà très pointu selon la motivation des élèves.

La durée des leçons peut varier de 1h30 à 2h selon le niveau et la motivation des groupes.

L’âge de 12 ans étant un âge de transition, un enfant de 12 ans qui aurait déjà eu une première expérience en escalade pourrait s’inscrire dans un cours ados selon sa motivation et son expérience (ados bloc, ados débutants, ados avancés)

À cet âge, on peut séparer les groupes par niveau (« 1ère expérience » ou « 2ème expérience et + ») car il peut y avoir une différence de niveau marquée entre un élève ayant déjà une ou plusieurs expériences d’escalade et un débutant.

1. Conseils généraux pour enseigner l’escalade aux jeunes

Mise en place des règles et dynamique de groupe
  • Vers 9 ans, la vie de l’enfant se centre véritablement sur le groupe (apparition des règles du jeu, des complicités, etc.), c’est « la bande » qui compte. Les groupes deviennent de même âge et même sexe
  • Besoin d’être en groupe, il est capable de s’intégrer dans une équipe
  • Dans un jeu d’équipe, ils encouragent leurs partenaires et ils sont conscients qu’ils agissent pour l’équipe et pas pour eux-mêmes (responsabilité subjective). Ils préfèreront un système de sanction par réciprocité (éjecter du groupe celui qui s’est mal conduit)
  • Les groupes sont formés de meneurs et de suiveurs (les meneurs ayant le plus souvent de bonnes aptitudes motrices)
  • Le groupe et la perception que le jeune a de lui-même au sein du groupe sont très importants. L’enjeu pour un moniteur est d’arriver à créer une dynamique de groupe positive et stimulante, installer une bonne ambiance du groupe, transmettre des valeurs de respect et tolérance pour que ça marche et que chacun trouve sa place
  • Distanciation avec l’autorité du moniteur, autorité de plus en plus limitée au domaine technique
  • Il a besoin de limites bien établies et qu’on ne transgresse pas car son intelligence se développe dans le sens d’une logique de plus en plus abstraite.
  • Il s’agit de poser des règles claires en évitant l’autoritarisme excessif et justifier les limites imposées (dialogue) pour maintenir les limites que l’adulte juge importantes et jusqu’où les enfants/jeunes oseront s’aventurer ultérieurement. C’est dans un esprit de dialogue et de respect commun que les conflits se résoudront
  • Personnes de référence : parents, ensuite frères & sœurs et amis
  • Entre 9 et 12 ans, la rupture entre les sexes est maximale (divergence entre les intérêts, lectures, jeux, etc.)
  • L’amitié se caractérise plus par la notion de confiance réciproque. Les amis sont des personnes qui s’entraident et se font confiance.
  • Apparition en plus de la générosité et la gentillesse.
  • À 10 ans, il qualifiera davantage les domaines où il est fort ou faible, ses hobbies, il y a plus de maturité sociale, perception de soi par rapport à autrui.
  • À cet âge, leur motivation à réaliser une performance est très marquée
  • Plaisir à se mesurer aux autres très marqué
  • Le jeu reste prépondérant : jeux de collaboration, défis individuels, jeux d’équipes, des concours individuels entre eux, compétitions & défis.
  • Insister sur un comportement fair-play (gentillesse, entraide) : s’adapter à la vie de groupe, collaborer avec les camarades, j’encourage mon partenaire de cordée
  • Le groupe est notre miroir : être convaincu, enthousiaste et motivé de ce qu’on propose car cela va les impacter positivement. Si on y croit, ils vont y croire également.
  • Travailler sur la motivation : créer des expériences positives, mettre l’accent sur le plaisir et l’enthousiasme.
  • Motivation à apprendre assez marquée
  • Créer du lien avec les élèves : leur poser des questions sur eux, nous présenter, jouer avec eux
  • Ils aiment voir grimper le moniteur, le moniteur peut parfois grimper avec ses élèves
  • Varier les concours pour mettre en avant les différentes qualités (mémoire, habileté, force, concentration, etc.).
  • Stimuler le processus de différenciation en incitant l’élève à se percevoir comme individu distinct des autres. Proposer des activités où il réalisera des choix personnels, où son avis sera pris en compte
  • Ne pas hésiter à stopper l’activité pour reprendre les enfants et recadrer le groupe quand ils se dispersent. Utiliser un ton ferme sans crier.
  • Ne pas laisser les enfants sans consignes. Il est utile d’avoir une liste de petites activités/jeux de transition à proposer aux enfants et faciles à mettre en œuvre, le plus souvent au sol : en effet, parfois le moniteur doit se focaliser davantage sur une partie du groupe pendant que d’autres patientent ; il est important à ce moment d’occuper les enfants en leur proposant une activité qui les canalise et les maintient dans un espace délimité proche du moniteur. Exemples de jeux de transition-cliquez ici
  • Proposer des rituels « de sanction » pour se calmer : faire 15 double huit, enfiler 5 ou 10 x le baudrier, la « petite musique » (respiration), rituel du cerceau, etc.
  • Le moniteur peut motiver ses élèves en les incitant à grimper en dehors des cours d’escalade et en participant aux opens/compétitions régionales
Développement moteur & aptitudes perceptives
  • Besoin de bouger assez marqué
  • 1er âge d’or pour l’apprentissage de la coordination et la technique : on peut travailler à fond la coordination avec des exercices progressivement difficiles
  • Favoriser toujours l’apprentissage en bougeant, en expérimentant, par le mouvement (kinesthésique)
  • Les techniques sportives fondamentales sont acquises au travers d’un entraînement riche et varié, ciblé, mais toujours adapté aux enfants
  • Utiliser les formes fondamentales de mouvements pour varier les stimuli & enrichir le vécu moteur
  • Penser à long terme, travailler les bases physiques pour tous les sports
  • Continuer de proposer un maximum d’expérience motrice variée en envisageant des circuits de coordination dynamique générale plus complexes (pas seulement grimper) : courir, sauter, se balancer, ramper, grimper des plans inclinés, s’équilibrer, sauter et s’équilibrer, etc. Sur différents supports.
  • Élargir le répertoire des expériences motrices et proposer des mouvements plus complexes car on peut les corriger : affiner le mouvement, rechercher l’économie du geste (il ne s’agit plus simplement de le réussir, mais de le réaliser correctement), affiner les sensations
  • Le moniteur recherche un apprentissage moteur précis et correct dès le début car il est plus facile d’apprendre un mouvement correctement dès le début plutôt que de devoir le désapprendre pour le réapprendre
  • Niveau moteur, l’orientation dans l’espace (càd la position du corps) ainsi que l’organisation dans l’espace (capacité à mobiliser le corps en fonction des caractéristiques de l’espace) se mettent bien en place à cette période : la coordination des mouvements augmente, la capacité de dissociation et la précision des actions musculaires est de plus en plus précise, le relâchement des muscles également (relaxation différentielle)
  • Le moniteur peut aller plus loin dans l’enseignement des techniques de base et des techniques de grimpe plus pointues : techniques d’opposition, grimpe unilatérale, mouvements d’équilibre et coordonnées plus avancés, pose de talons, contre-pointes, techniques d’opposition, etc.
  • Également dans la gestion de l’effort (exercice autour du rythme, tonus, délayer, etc.) : introduire la respiration en évitant la grimpe en apnée, apprendre à respirer lors des moments de relâchement, à diminuer son tonus global. Relâcher une partie du corps isolée en se concentrant sur celle-ci et la relâchant un peu plus à chaque expiration.
  • Le moniteur utilise un vocabulaire précis pour verbaliser beaucoup, de manière à susciter chez l’enfant une mentalisation de ce qu’il a perçu en grimpant, càd lui faire prendre conscience de ce qu’il fait avec son corps quand il grimpe. Cela lui permet de se corriger et de progresser consciemment.
  • L’enfant devient capable de dissocier les mouvements de la main et des doigts, la force musculaire s’accroît, ainsi que la précision des gestes et leur anticipation, et la rapidité, la précision et l’endurance commencent à faire partie du quotidien. Le corps se transforme.
  • S’échauffer correctement : commencer le cours par un jeu d’échauffement global, où l’enfant active le cardio-respiratoire
  • Retour au calme et s’étirer pour réharmoniser le corps après l’effort : proposer un rituel avec des exercices d’étirement/relâchement, yoga, etc. en fin de cours
Aspect cognitif & mental
  • Les capacités cognitives des enfants se développent fortement entre 9 et 12 ans.
  • Leur intelligence se développe dans le sens d’une logique de plus en plus abstraite, et celle-ci apparait vers l’âge de 11 ans.
  • Ils restent encore très présents dans l’action et commettent des erreurs de distractions
  • Ils apprennent encore beaucoup par imitation, il faut démontrer précisément, montrer des vidéos pour des exemples concrets.
  • On peut tout de même plus verbaliser les choses et présenter une activité sans forcément tout dé/montrer, ils peuvent mentaliser
  • Un certain égocentrisme reste toujours présent
  • Meilleure capacité de de concentration : 10 ans : 40’
  • On peut leur en demander beaucoup, ils ont souvent plus de capacités que ce que l’on croit
  • Vers 9-10 ans, avec l’apparition de l’unité de mesure, il pourra commencer à évaluer la hauteur d’un mur, de réaliser la distance entre deux prises ou la hauteur à laquelle il a grimpé.
  • 10-11 ans : tempes, conservation du volume
  • Il est capable de projeter une direction en se référant à ses propres axes corporels.
  • Il peut anticiper un geste à accomplir, reproduire un geste montré par le moniteur. Il peut également représenter différentes positions par des symboles ou des dessins schématiques, ou percevoir des changements de position entre deux images.
  • La motricité des yeux est automatique, il a un meilleur balayage visuel
  • L’enfant a encore besoin de faire le mouvement pour comprendre (distance concrète par rapport à l’action).
  • On peut travailler un passage avec lui, depuis le sol : il peut comprendre un mouvement ou la logique d’une technique, c’est-à-dire analyser en voyant les prises (en gardant le contact visuel). Cela favorise la prise de conscience des données perceptives et susciter chez l’enfant une mentalisation des perceptions. Par exemple, si l’enfant bloque sur un mouvement, le professeur pourra l’isoler et le reproduire en bas pour le travailler avec lui. Quand il a compris et intégré le mouvement, il sera capable de reproduire le geste appris à l’endroit voulu de la voie.
  • On peut lui demander d’aller toucher telle prise en empruntant tel voie, tel chemin.
  • C’est un âge idéal pour commencer à aborder la lecture des voies car il peut établir des relations entre son observation des différents éléments de l’itinéraire (reliefs, prises et formes du mur à disposition) pour en déduire les modalités de progression possibles. La prise d’information s’affine, il reconnaît et identifie des prises ou des configurations de prises ou de reliefs déjà rencontrées, et avec plus de détails
  • Il peut identifier et nommer les différents types de reliefs, situer sur le mur et décrire une prise déterminée (grosse et creuse, petite et verticale (réglette), inversée, oblique. Il connaît la gauche et la droite en réversibilité (face à face) et sur n’importe quel objet dans n’importe quelle orientation. Différence entre contre et près.
  • A partir de 9 ans, il peut connaître le vocabulaire spécifique à l’escalade pour décrire chaque prise et l’utilise : réglette, verticale, inversée, pince, monodoigt, bidoigt ou tridoigt, bac, manette, etc. Il est capable de projeter son point de référence sur n’importe quel point de l’espace. Il est capable de perspective.
  • Il est capable d’organiser son espace en fonction d’un objectif ou de se besoins (veut arriver en haut, à une prise déterminée.).
  • Il est capable de lire et décrire la trajectoire d’une voie déterminée, de dessiner son itinéraire global, et avec de l’expérience différencier les prises de pieds et mains.
  • Il est capable de diriger un partenaire qui est en train de grimper en utilisant le vocabulaire qu’il connaît.
Émotions, confiance & audace
  • En grandissant, le contrôle émotionnel du jeune s’améliore
  • Il a peu de doute et est bien souvent courageux dans la prise de risque
  • Le moniteur peut l’inciter à prendre progressivement de la hauteur en même temps qu’il dépasse sa peur en donnant des repères visuels.
  • Il est capable d’exprimer des émotions et des sentiments et il est possible de l’accompagner dans la verbalisation et une certaine prise de conscience de ce qu’il vit en grimpant pour l’aider à progresser dans sa gestion émotionnelle et sa confiance en escalade
  • Travailler sur les peurs, le tonus, la respiration, la confiance, en proposer des jeux et thèmes qui favorisent le relâchement pour faciliter la gestion du stress et des émotions
  • Pour le débutant, il est toujours important de le laisser s’habituer au milieu vertical en lui laissant vivre un maximum, en lui donnant un maximum d’expériences positives variées et en le rassurant émotionnellement. Les émotions positives ressenties lorsqu’on pratique l’escalade sont des moteurs puissants pour la motivation
  • Expérimenter beaucoup de situations variées de mise en confiance dans le matériel, d’abord à faible hauteur, ensuite progressivement plus haut
  • Pour les avancés, c’est un âge où le jeune est capable de grimper en tête. La gestion émotionnelle des chutes en tête est un sujet très délicat à cet âge, car le risque de blocage est élevé. Si le jeune prend peur en chutant, il risque de ne plus vouloir grimper en tête. Il s’agit d’amener progressivement la chute, sans forcer. Et l’assurage doit également être bien travaillé car un mauvais assurage ou une chute moins bien gérée par un camarade constitue une expérience qui peut devenir source de stress ou de blocage.
Manipulations de sécurité & matériel
  • La conscience du risque et des dangers s’installe durablement
  • Le moniteur commence à les responsabiliser (ex : double contrôle avant le check du moniteur)
  • Leur autonomie est toutefois limitée et une surveillance constante du moniteur est indispensable.
  • Autonomie en bloc envisageable à partir de 12 ans
  • Ils peuvent reproduire sur le mur en différé des manipulations apprises au sol au préalable
  • De 9 à 12 ans, l’enfant a besoin de limites bien établies et qu’on ne transgresse pas, son intelligence se développant dans le sens d’une logique de plus en plus abstraite.
  • Les consignes de sécurité doivent être claires et fermes : le cadre sécuritaire doit être bien délimité pour que le moniteur puisse laisser une marge de manœuvre à l’enfant à l’intérieur de ces limites sécuritaires « infranchissables ».
  • À cet âge, on peut suivre les contenus des cours ASSE moulinette et en tête de façon plus étalée. On peut exiger une manipulation parfaite de l’appareil d’assurage, un nœud correct, une position d’assurage correcte, etc.

2. Objectifs spécifiques d’un cours d’escalade destiné aux jeunes

3. Organiser un cours d’escalade destiné aux jeunes sur une saison

  • Organiser environ 30 leçons de 1h30 durant le période scolaire (pas de cours durant les vacances et jours fériés)
  • À cet âge, il peut y avoir une différence de niveau marquée entre un élève ayant déjà une ou plusieurs expériences d’escalade et un débutant. La constitution des groupes est donc plus délicate en début de saison.
  • Limiter un nombre maximal de 8 enfants par moniteur
  • L’âge de 12 ans étant un âge de transition, un enfant de 12 ans qui aurait déjà eu une première expérience en escalade serait plutôt inscrit à un cours avec des plus grands lors de sa 2ème expérience, à évaluer au cas par cas avec la motivation, la maturité et l’expérience de l’enfant
  • Éviter de trop charger le fin de l’année scolaire en activités nouvelles et en quantité de cours, car la période de fin d’année scolaire est souvent chargée pour les familles et les enfants peuvent être plus fatigués et par conséquent moins réceptifs. Favoriser la répétition d’exercices et renforcer les acquis de la saison.
  • En fin de semestre et/ou au dernier cours de la saison, proposer aux parents de venir assister à un cours et venir encourager leur enfant ainsi qu’échanger avec les moniteurs.
    Cela favorise le développement de la confiance de l’enfant (regard encourageant et approbateur des parents) et cela permet un échange entre le moniteur et les parents pour clôturer le semestre/la saison